Year of the Wood Dragon
Year of the Water Rabbit
after Carol Ann Duffy
long before you could’ve realised, the sound of you had been
replaced. bit by bit, yes, drifted to a different place
where each foreign tongue’s
disyllabic distortion commanded to
accommodate. assimilate. the solution
to confused gazes is to correct and reclaim—
learn to shapeshift and to mutate. learn to recognise
yourself as the pause
in a list, the stammer, the
skip. swallow apologies and yield
to their caustic curiosity that calcifies
in your throat. the echo is not the same; so tell me, sailor,
on your rebuilt ship, can a vessel remain unchanged
when its name no longer substantiates?
Dans le ciel blanchi et délassé de Saint-Gilles les Bains règne un soleil — c’est un soleil surplombant, un maître solennel qui, d’un clignotement du regard, fait dorer la peau et miroiter les écailles de lumière sur la mer dansante. C’est aussi un soleil impossible à regarder, malgré mon envie, car ses rayons se soudent en rapières mortelles qui plongent chaleureusement dans les côtes aux traits d'esquisse de la plage. Cependant je ne prends pas la fuite comme certains le font, les yeux cachés, se blottissant contre la tranquillité ombrée d’un haut palmier ; je m’expose volontiers sous son regard impérieux de dague, m’allongeant comme une flamme brunie contre la peau sablée de la terre dont les muscles glissent sous mon poids…
À l’horizon, une fine ligne d’écume trace la frontière entre le bleu de ciel et le bleu de mer, l’un impassible, l’autre enjoué. L’un foncé, l’autre clair, comme la carte de mon corps qui révèle les endroits où la gloire du soleil a visité… La chaleur espiègle, amie habituelle de ces îles du tropique, passe au-dessus de moi, m’effleure et s’éclipse aussitôt pour aller déformer les silhouettes au loin, pâles et frémissantes comme un mirage…
Mais ce que j’aime encore plus que le soleil, c’est l’eau turquoise-transparente, l’eau aussi ondoyante que les petits nageurs multicolores qui l’habitent, jouant au cache-cache entre les statues étrangement séduisantes des coraux. L’initiation à tout ce que l’été avait besoin débute par les orteils, puis les mollets et les genoux ; on avance presqu’en flottant, sombrant aisément dans cette profonde fraîcheur. Frissonnants, les muscles se retrouvent inondés d’une sensation effervescente, à croire qu’on se désintègre, après avoir connu l’amour impossible, en bulles mousseuses, à la manière de la sirène chagrinée du conte…
Je voudrais y rester pour l’éternité, dans ce pays-passerelle entrelaçant terre et mer; jusqu’à ce que les vagues aient rongé les ruines restantes de la plage, jusqu’à ce que la marée perpétuelle m’ait emporté, loin de la côte, pour que je devienne, à mon tour, une de ces lueurs valsantes sur l’océan…